Le marché de l’emploi au Canada : plus vigoureux qu’on ne le pense

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Par Kaylie Tiessen, Service de recherche d’Unifor

Un membre d'Unifor travaillant comme conducteur de bus.

 

Au début du mois de février, des données saisissantes du rapport sur les emplois au Canada ont attiré notre attention. Une analyse profonde des données révèle que, même si les chiffres faisant les manchettes semblent alarmants, le portrait global est plutôt fort. Le marché de l’emploi au Canada va bien, et c’est le cas depuis l’année dernière. Il y a tant de faits sur lesquels porter davantage notre attention que ce que les manchettes présentent comme portrait.

Les données mensuelles sont volatiles

Il est important de garder à l’esprit que l’Enquête sur la population active, celle qui collige les données du rapport sur les emplois, génère des résultats assez volatiles sur une base mensuelle.  Et bien que les chiffres soient des indicateurs de ce qui peut se passer dans le marché de l’emploi, un mois de données ne correspond pas à une tendance.

Les chiffres de janvier rapportés indiquent que le Canada a perdu 88 000 emplois en un mois, mais les données d’une année à l’autre indiquent que la croissance des emplois en janvier était plus élevée que n’importe quel autre mois en 2014, 2015 ou 2016.

Plutôt que de s’attarder aux chiffres mensuels, il est plus pertinent de jeter un regard sur ce qui est survenu dans le marché de l’emploi au cours des douze derniers mois.

Les gains en matière d’emplois sont les plus forts dans les provinces où le salaire minimum est plus élevé

D’une année à l’autre, le Canada a connu une hausse de 1,6 p. cent en matière d’emplois, y compris une réduction de 3,5 p. cent des emplois à temps partiel et une hausse de 2,8 p. cent du côté des emplois à temps plein.  Huit provinces sur dix (à l’exception de la C.-B. et de l’Î-P-É) ont affiché la même tendance. L’Alberta, soit la province où le salaire minimum était le plus élevé en 2017, a connu le déclin le plus important en matière d’emplois à temps partiel (-9,7 p. cent) et la hausse la plus forte des emplois à temps plein (cinq p. cent).

La moyenne des heures de travail continue sa trajectoire à la hausse

Non seulement le nombre d’emplois a augmenté depuis janvier 2017, mais la moyenne des heures travaillées augmente aussi. D’une année à l’autre, les heures travaillées ont augmenté en moyenne de 0,8 p. cent en janvier 2018. Comme les travailleuses et travailleurs passent d’un emploi à temps partiel à un emploi à temps plein, ce pourcentage tend à suivre en conséquence.

La progression moyenne des salaires affiche des gains de plus en plus élevés chaque année

Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 p. cent entre janvier 2017 et 2018. Cette mesure tient compte des travailleuses et travailleurs de toutes les industries, et tous les types d’employés qu’il s’agisse de nouvelles embauches ou de gestionnaires.  La solide reprise des huit derniers mois ne renverse pas la faible progression salariale des travailleuses et travailleurs canadiens depuis les dix dernières années, mais elle suggère la possibilité de voir une lumière au bout du tunnel.

Tendance à surveiller : le salaire médian dans les secteurs à faible salaire

De façon générale, le salaire médian tend à croître un peu plus lentement que le salaire moyen.  En janvier, deux secteurs à faible salaire, l’agriculture et l’hébergement et la restauration, sont allés à l’encontre de cette tendance.  D’une année à l’autre, le salaire médian des services d’hébergement et de restauration a augmenté de 14 p. cent pour atteindre 14 dollars de l’heure.  Le salaire médian en agriculture a augmenté de 9 p. cent pour atteindre 18 dollars de l’heure pendant la même période. Cette tendance doit être surveillée alors que le salaire minimum continue d’augmenter partout au pays.

Des tendances positives et vigoureuses dans le marché de l’emploi au Canada

La tendance est positive et vigoureuse dans le marché de l’emploi au Canada depuis les 12 derniers mois.  Les données sur les emplois diffusées la semaine dernière, quoiqu’alarmantes à la surface, ne fournissent pas suffisamment d’information pour dire si la tendance a changé ou non, ou si les données mensuelles affichent la même volatilité qui figure constamment dans l’Enquête sur la population active.

La version plus longue de cet article se trouve à l’adresse behindthenumbers.ca. Kaylie Tiessen est représentante nationale au Service de recherche d'Unifor.