Venons en aide aux journalistes afghans qui tentent d’échapper aux talibans

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Rachel Pulfer speaks to delegates
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Les sections locales d’Unifor sont invitées à donner généreusement afin d’aider à soutenir les familles des travailleuses et travailleurs des médias qui fuient les talibans et demeurent dans l’incertitude quant à leur possibilité de venir au Canada.

« La semaine prochaine marquera le premier anniversaire de la chute de Kaboul. Nous sommes toujours là, solidaires des travailleuses et des travailleurs. Nous ne pouvons pas les abandonner maintenant », a déclaré Rachel Pulfer, directrice générale de Journalistes pour les droits humains, ou JDH, la principale organisation de formation des médias du Canada, lors du quatrième congrès statutaire d’Unifor.

« S’il vous plaît, ayez à cœur de les soutenir en cette heure difficile. »

Elle a évoqué le cas de Peghla Farida Sariaish Ahmadi qui, avec son mari, dirigeait trois chaînes de radio dans l’ensemble de l’Afghanistan visant à défendre les droits des femmes et des filles. Les menaces de mort des talibans les ont obligés à bouger constamment pour rester en sécurité avec leurs deux filles.

Ils se sont cachés après la prise du pouvoir par les talibans, se réfugiant dans le sous-sol d’un ami avant de fuir avec l’aide d’Unifor et de la JDH.

« Ses deux petites filles ne parvenaient pas à dormir. Elles ne pouvaient pas aller jouer dehors. Elles ne pouvaient comprendre pourquoi leur vie était ainsi bouleversée. Farida était impuissante à leur répondre. Tout ce qu’elle voulait, c’était que sa famille survive », d’ajouter Mme Pulfer, soulignant que Farida l’avait autorisée à partager son histoire, malgré les risques.

« À ce jour, grâce à votre soutien, nous avons pu évacuer 343 journalistes et leurs familles d’Afghanistan, dont Farida et sa famille », a-t-elle précisé, sans compter les 171 travailleuses et travailleurs des médias et des droits de la personne qui ont réussi à gagner le Canada.

Parmi eux, Mohammad Sharif Sharaf, qui travaillait comme entremetteur pour le Globe and Mail en Afghanistan, et qui a réussi à s’en échapper avec l’aide de l’armée ukrainienne.

« Il vit maintenant à Scarborough. Son fils Zeinullah est en 8e année. Sa fille et son épouse apprennent l’anglais. »

JDH s’efforce de trouver des emplois syndiqués pour les travailleuses et travailleurs des médias afghans au Canada et ainsi les aider à se refaire une nouvelle vie avec leur famille.

Le Service des affaires internationales et le secteur des médias d’Unifor ont collaboré avec les Journalistes pour les droits humains dans le but de faire venir les travailleuses et les travailleurs des médias au Canada, dans le cadre de la promesse faite par le pays il y a un an de faire venir quelque 40 000 Afghans au Canada.

« Ces travailleuses et travailleurs des médias avaient embrassé les changements survenus dans leur pays au moment de la chute des talibans. Ils ont cru en un avenir démocratique pour leur pays et au rôle vital que le journalisme jouerait dans cet avenir », a déclaré Jennifer Moreau, présidente du conseil des médias d’Unifor, en présentant madame Pulfer.

Unifor, le Fonds de justice sociale, le Fonds communautaire canadien et les sections locales du secteur des médias ont versé plus de 70 000 $ pour soutenir les travailleuses et travailleurs des médias afghans, les Femmes canadiennes pour les femmes en Afghanistan et l’Initiative d’engagement et de développement de la jeunesse afghane.

Le processus a été très lent jusqu’à présent, certaines familles ayant réussi à se rendre dans les pays voisins, mais attendent toujours que le Canada leur fournisse les derniers documents nécessaires pour venir ici. D’autres se cachent encore en Afghanistan.

Kate Lonergan d’Unifor est constamment en contact avec les familles, leur parlant souvent tous les jours, et dit que la tension - tant émotionnelle que financière - est considérable. Par ailleurs, au nom des familles, elle est en contact permanent avec le gouvernement canadien et JDH.

Parmi ceux qui espèrent encore venir au Canada, citons la famille de Siar Mateen, qui jouissait d’une certaine célébrité en Afghanistan avant le retour au pouvoir des talibans il y a un an. Siar, un présentateur de nouvelles satiriques (de la trempe de Jon Stewart ou John Oliver), a défendu les droits des femmes et les droits de la personne, et a produit un certain nombre d’émissions critiques et satiriques mettant en lumière les injustices de la société afghane.

Sa vie a été régulièrement menacée par les talibans, et il s’est estimé chanceux de pouvoir quitter l’Afghanistan sain et sauf. Siar, son épouse et ses jeunes enfants se trouvent désormais dans un camp humanitaire dans un pays voisin.

La famille Mateen est en sécurité, et a autorisé Unifor à utiliser son nom. D’autres continuent d’être menacés et ne sont donc pas nommés, même s’ils ont quitté l’Afghanistan.

Siyabulela Mandela, responsable de projet régional pour l’Afrique orientale et australe auprès de JDH et petit-fils de Nelson Mandela, a déclaré que la liberté et les droits de la personne ne sont réalisables que si les syndicats et les travailleuses et travailleurs les exigent.

« Les travailleuses et les travailleurs sont intrinsèquement unis dans la lutte pour la justice, pour les droits de la personne pour tous », a-t-il déclaré. « La seule façon de défendre les droits des travailleuses et des travailleurs, c’est de les unir. »

Mandela travaille depuis trois ans avec JDH, notamment au Sud-Soudan, où il a collaboré avec des journalistes sur les moyens de faire avancer un programme pour les droits de la personne par l’intermédiaire des médias « dans un pays ravagé par la violence ».

« Les journalistes et les droits de la personne sont menacés dans ce pays, mais le travail effectué pour aider les travailleuses et travailleurs des médias en Afghanistan témoigne de ce qui peut être fait quand la communauté internationale s’unit », a-t-il dit.

« Les médias sont menacés », a-t-il déclaré. « Je vous implore de soutenir des pays tels que le Sud-Soudan. »

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